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Dr. Labo & Mrs. Prof : le portrait de Delphine Lacanette

Dr. Labo & Mr(s). Prof est un tout nouveau format de médiation scientifique qui présente les deux facettes du métier d’enseignant-chercheur. 

Décrouvrez le portrait de Delphine Lacanette, enseignante à l'ENSMAC - Bordeaux INP (Ex ENSCBP) et chercheure à l'Institut de mécanique et d'ingénierie (CNRS / Bordeaux INP / Arts et Métiers ParisTech / université de Bordeaux / Inrae). 

As-tu un "fun fact" à nous confier ?

Grâce à mes activités de recherche, j’ai la chance de participer régulièrement à des congrès internationaux. Je me souviens d'un séjour en Italie durant lequel nous sommes allés découvrir des roches gravées en extérieur. Jusque là tout va bien, sauf que les organisateurs ont eu l’idée saugrenue de nous y emmener de nuit ! Et quelle nuit… nous étions, en chaussettes, au milieu des limaces en train d’éclairer les fameuses gravures avec nos téléphones ! Cerise sur le gâteau : les bus ne nous ont pas attendus pour rentrer… Mais ces situations nous ont fait beaucoup rire avec mon thésard !

Ton métier en un mot ?

“Femme-orchestre” : dans une journée, je résouds de nombreux problèmes d’une grande diversité, notamment car j'ai la responsabilité de la filière Matériaux composites - Mécanique de l’ENSMAC-Bordeaux INP (Ex ENSCBP). Je me sens à la fois enseignante, chercheure et parfois psy !

Es-tu plutôt Dr Labo ou Mrs Prof ?

Mon objectif, c’est de réussir à être les deux ! J’ai longtemps été uniquement chercheure dans la recherche, et je ne connaissais pas l’enseignement jusqu’à il y a 5 ans. Aujourd’hui j’adore les deux ; je ne lâcherais ni l’un ni l’autre !

Quelle est la thématique de tes travaux de recherche ?

Je travaille sur la mécanique des fluides et plus spécifiquement sur la simulation numérique à l’Institut de Mécanique et d’Ingénierie (Université de Bordeaux - CNRS - Bordeaux INP - Art et Métiers ParisTech - INRAE). Pour vous donner une idée, étudier la mécanique des fluides permet, par exemple, de comprendre comment une goutte d’eau s’écoule ou comment le fond du bassin d’Arcachon est mis en mouvement par l’eau de l’océan. Pour ma part, je travaille sur les écoulements d’air, études qui peuvent être utilisées dans les prévisions météorologiques et les prévisions de températures. A ce titre, la thermique fait aussi partie de mes travaux de recherche.

Mon sujet d’étude porte sur la simulation de la mécanique des fluides dans les milieux souterrains. Ayant toujours eu un attrait pour la physique appliquée à l’archéologie et l’art, j’ai eu la chance de pouvoir faire un post-doc financé par le ministère de la Culture et portant sur la conservation de la grotte de Lascaux. Dans les grottes, on cherche à comprendre comment les écoulements d’air sont corrélés aux modifications des températures de surface. Ces changements de températures se propagent dans la roche, entraînant ainsi des gradients de température qui génèrent des écoulements d’air. Les arrivées d’eau couplées au fort taux de CO2 conduisent à la formation de ce que vous connaissez sans doute : la calcite qu’on peut retrouver sous forme de stalagtites et les stalagmites ! Ces concrétions qui apparaissent après les peintures rupestres peuvent dégrader ces dernières, c’est pourquoi il est important de comprendre leur formation pour l’anticiper afin de préserver les peintures.

Quelles sont les perspectives d'avenir de ton projet de recherche ?

Comprendre le fonctionnement à l’échelle globale : c’est-à-dire comprendre le fonctionnement de la cavité, la replacer dans le massif et prendre en compte les apports hydriques et thermiques qu’elle reçoit. En d’autres mots, réussir à modéliser ce qui se passe dans le massif en termes de géologie et de transport. A l’avenir, de plus en plus de disciplines seront intégrées à ces études pour comprendre de manière systémique ce qui se passe dans les grottes.

Quels sont les liens entre enseignement et recherche ?

Mes enseignements abordent ce que je fais dans mes recherches sur le transfert thermique et la mécanique des fluides. Il y a bien sûr une partie théorique mais j’aborde également des cas concrets liés à mes recherches : par exemple, sur les différents moyens de caractériser les matériaux. Selon moi, le lien entre enseignement et recherche, c’est la curiosité, l’ouverture d’esprit et la dimension pluridisciplinaire. A l’image de la recherche, mon but est de miser sur la nouveauté : trouver de nouvelles méthodes et moderniser mes enseignements tout en introduisant l’ouverture d’esprit. 

Qu'est-ce qui te plaît dans l'enseignement ?

L’enseignement, c’est assez récent pour moi et je n’étais pas certaine d’être faite pour ça. Je ne pensais pas accrocher à ce point et apprécier autant le contact humain avec les étudiants et les collègues. L’enseignement est aussi un excellent moyen de se remettre en question et de faire évoluer les choses quand on le peut. Je ne retrouvais pas ces éléments au laboratoire. Je travaillais sur les concepts, les appliquais dans ma recherche mais l’enseignement m’a imposé un nouveau challenge : les expliquer ! Les travaux pratiques et dirigés dans lesquels j’interviens sont un très bon levier pour peaufiner au mieux mes cours et relever le défi de rendre compréhensibles des concepts parfois compliqués. Mon but étant de trouver continuellement des solutions pour expliquer afin que les élèves comprennent au mieux ce que je leur enseigne.

Quels sont les objectifs de tes enseignements ?

L’un de mes objectifs est de faire aimer la physique aux étudiants ! En enseignant à l’ENSMAC (Ex ENSCBP), je rencontre principalement des étudiants qui adorent la chimie mais délaissent la physique. Cela devient donc un challenge pour moi que de leur faire apprécier la physique ! Et cela fonctionne ; un groupe de jeunes filles m’a déjà dit “nous n’aimons pas la physique, il n’y a rien à faire, on ne fera pas d’efforts !”. En réponse, vous hésitez à les mettre dehors ou relever le défi de les intéresser. Après plusieurs cours, remises en question et reformulations, elles ont fini par s’intéresser au sujet et m’ont remerciée ! 

Aussi, en tant que responsable d’une filière en alternance, j’ai à cœur la valorisation de l’image de l’apprenti en valorisant ses spécificités. Les apprentis ont bel et bien leur place en école d’ingénieur et il est important de le rappeler. En résumé, j’ambitionne de laisser une chance à tout étudiant motivé et de faire évoluer la formation dont je suis responsable en m’investissant au maximum.

En quoi être chercheure est complémentaire d'être enseignante ?

La recherche stimule la curiosité et la remise en question permanente. En enseignement, j’exploite ma curiosité pour chercher plusieurs façons d’expliquer les choses. Et ma recherche s’effectue de la même manière ; chercher comment les choses fonctionnent de plusieurs manières. Chercher les principes, les mécanismes et des façons d’expliquer simplement un phénomène physique lors d’un cours, cela demande de la curiosité et de l’ouverture d’esprit pour remettre en question ses manières de procéder et d’appréhender des principes scientifiques. Le processus intellectuel est le même lorsque l’on essaie de comprendre un phénomène physique. Les deux versants “prof” et “chercheur” s’alimentent énormément.

Tout n’est pas tout rose, il y a des difficultés des deux côtés. Pour la recherche, il y a des difficultés à trouver des financements. Pour l’enseignement, il peut y avoir une partie administrative assez lourde. Mais l’association des deux versants permet de passer d’une difficulté à une autre ; tenter de résoudre un premier problème permet de prendre du recul sur le second et inversement. Dans tous les cas, on finit toujours par trouver une solution !

Quels sont les avantages à appartenir à un établissement comme Bordeaux INP ?

Bordeaux INP est un établissement à taille humaine ; on peut joindre qui on veut rapidement. J’aime beaucoup travailler avec les autres écoles dans le cadre de modules d’enseignement. Je travaille notamment avec l’ENSEIRB-MATMECA et l’ENSC dans le cadre de mes enseignements. Aussi, l’incubateur Sit’Innov est un précieux atout de l’établissement ; je trouve cela très intéressant de faire intervenir les responsables dans l’organisation du module d’ouverture Art & Sciences dont je suis responsable ; cela permet à nos élèves-ingénieurs d’aborder d’autres thèmes que les sciences dures.

Merci Delphine !

Je souhaite participer au projet "Dr. Labo & Mr(s) Prof"

 

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